Saladin aurait-il du être plus cruel ?


L’histoire des croisés que vous n’apprendrez pas dans les écoles .Ils sont montrés sous une fausse chevalerie prônant l’honneur et le courage .Saladin aurait -il du être un peu moins conciliant ?

RabbiPoter

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1- Les reconquêtes de Saladin(petit rappel)

En 1169, l’Egypte tombe sous le contrôle d’un général Kurde à la solde de Noureddin : il lui aura fallu 3 campagnes pour y parvenir, et il est nommé vizir.

Après sa mort, son neveu Saladin le remplace dans ses fonctions et il se positionne rapidement comme le maitre incontesté de l’Egypte, en proclamant contre son gré la déchéance des Fatimides chiites.

Après une cohabitation tendue entre Saladin et son maitre Noureddin, ce dernier meurt en 1174 : il prend alors progressivement le contrôle de la Syrie de Noureddin et continue l’oeuvre d’unification du monde arabe : il devient ainsi en 1183 le maitre de l’Egypte et de Syrie.

La fameuse bataille de Hattin (ou Hittin)

Le 3 juillet 1187, 12000 musulmans (ou 60000, selon les sources) affrontent à Hattin (ou Hittin) 15000 soldats occidentaux dont 1200 chevaliers templiers suite à un ordre irresponsable du Grand Maitre Gérard de Ridefort et du roi de Jérusalem Guy de Lusignan : après une journée de marche sur des terres arides en se faisant harceler par les musulmans, l’armée de Saladin empêche les occidentaux d’accéder aux rives du lac de Tibériade, seul point d’eau de la région, et bloque habilement leur retraite. Les troupes occidentales, assoiffées et épuisées, tentent vaillamment de forcer le barrage musulman sans y parvenir.

Tous les chevaliers templiers et hospitaliers sont décapités (sauf leur Grand Maitre) tandis que les autres prisonniers sont épargnés. Saladin en profite d’ailleurs pour tuer de sa main son plus vil ennemi : Renaud de Chatillon, aussi néfaste pour les musulmans que pour les occidentaux.

Cette défaite occidentale permet à Saladin de reconquérir rapidement de nouvelles villes : Saint Jean d’Acre, Naplouse, Jaffa, Nazareth et Gaza. Jérusalem ouvre ses portes le 2 octobre 1187 et contrairement aux occidentaux qui ont massacré sa population en 1099, les musulmans ne se prêtent à aucune exaction (ils laissent même s’échapper les fortunes des riches chrétiens !).

2 -L’histoire que peu de gens connaissent et qui ne sera pas enseignée dans les écoles ;

Le livre d’Amin Maalouf (paru il y a déjà quelques années) prend le contrepied de la vision classique, et cela change tout.

Les Croisés ne sont plus que des « Franjs » (déformation de « Francs »), mélangeant ainsi sans distinction tous ces peuples barbares et exotiques : Français de langue d’hoc et d’oïl, Allemands, Anglais…

Les Arabes les distinguent des « Roums » (« Romains », c’est-à-dire les Byzantins, chrétiens orthodoxes), qu’ils connaissent et affrontent depuis des siècles.

La prise de Jérusalem en 1099 reste dans la mémoire collective orientale comme le summum de la barbarie franj. Toute la population non chrétienne est passée au fil de l’épée, musulmans, juifs et chrétiens orientaux compris. Le contraste avec la mansuétude de Saladin lors de la reprise de la ville un siècle plus tard est frappant.

Les Croisades Vues Par Les Arabes d’Amin Maalouf

Jean-Claude Lattès, 1983, 9782290119167, 317 pages Juillet 1906 : il fait chaud sous les murailles de Nicée. A l’ombre des figuiers, dans les jardins fleuris, circulent d’inquiétantes nouvelles : une troupe formée de chevaliers, de fantassins, mais aussi de femmes et d’enfants, marche sur Constantinople. On raconte qu’ils portent, cousues sur le dos, des bandes de tissu en forme de croix. Ils clament qu’ils viennent exterminer les musulmans jusqu’à Jérusalem et déferlent par milliers. Ce sont les Franj. Ils resteront deux siècles en Terre sainte, pillant et massacrant au nom de Fieu. Cette incursion barbare de l’Occident au cœur du monde musulman marque le début d’une longue période de décadence et d’obscurantisme. Elle est ressentie aujourd’hui encore, en Islam, comme un viol.

“Les calife, ses prédécesseurs, ont été pendant les deux siècles qui ont suivi la mort du prophète (632-833) les chefs spirituels et temporels d’un immense empire qui, à son apogée, s’étendant de l’Indus aux Pyrénées, et qui a même poussée une pointe en direction des vallées du Rhône et de la Loire. Et la dynastie abbasside, à laquelle appartient al-Moustazhir, a fait de Bagdad la ville fabuleuse des Mille et Une nuits. Au début du IXe siècle, du temps où régnait son ancêtre Haroun al-Rachid, le califat était l’Etat le plus riche et le plus puissant de la terre, et sa capitale le centre de la civilisation la plus avancée. Elle avait mille médecins diplômés, un grand hôpital gratuit, un service postal régulier, plusieurs banques dont certaines avaient des succursales en chine, d’excellentes canalisations d’eau, le tout-à-l’égout ainsi qu’une papèterie…les occidentaux qui n’utilisaient encore que le parchemin à leur arrivée en orient, apprendront en Syrie l’art de fabriquer le papier à partir de la paille de blé. Mais en cet été sanglant de 1099 où al-Harawi est venu annoncer au diwan d’al-Moustazhir la chute de Jérusalem, cet âge d’or est depuis longtemps révolu. Haroun est mort en 809. Un quart de siècle plus tard, ses successeurs ont perdu tout pouvoir réel, Baghdad est à moitié détruite et l’empire s’est désintégré. Il ne reste plus que ce mythe d’une ère d’unité, de grandeur et de prospérité qui hantera à jamais les rêves des Arabes. Les abbassides règneront encore, il est vrai, pendant quatre siècles. Mais ils ne gouverneront plus. Ils ne seront plus que des otages entre les mains de leurs soldats turcs ou perses, capables de faire et de défaire les souverains à leur guise, en ayant le plus souvent recours au meurtre. Et c’est pour échapper à un tel sort que la plupart des califes renonceront à toute activité politique, Cloitrés dans leur harem, ils s’adonneront désormais exclusivement aux plaisirs de l’existence, se faisant poètes ou musiciens, collectionnant les jolies esclaves parfumées.”

” A Maara, les nôtres faisaient bouillir des païens adultes dans les marmites, ils fixaient les enfants sur les broches et les dévoraient grillés. Cet aveu du chroniqueur franc Raoul de Caen, les habitant des localités proches de Maara ne le liront pas, mais jusqu’à la fin de leur vie ils se rappelleront ce qu’ils ont vu et entendu. Car le souvenir de ces atrocités, propagé par les poètes locaux ainsi que par la tradition orale, fixera dans les esprits une image des Franj difficile à effacer…Jamais les Turcs n’oublieront le cannibalisme des Occidentaux. A travers toute leur littérature épique, les Franj seront invariablement décrits comme des anthropophages. Cette vision des Franj est-elle injuste ? Leurs chefs l’affirmeront l’année suivante dans une lettre officielle au pape : Une terrible famine assaillit l’armée à Maara et la mit dans la cruelle nécessité de se nourrir des cadavres des Sarrasins. Mais cela semble bien vite dit. Car les habitants de la région de Maara assistent, durant ce sinistre hiver, à des comportements que la faim ne suffit pas à expliquer. Ils voient, en effet, des bandes de Franj fanatisés, les Tafurs, qui se répandent dans les campagnes en clamant tout haut qu’ils veulent croquer la chair des Sarrasins, et qui se rassemblent le soir autour du feu pour dévorer leurs proies. Cannibales par nécessité ? Cannibales par fanatisme ? Tout cela parait irréel, et pourtant les témoignages sont accablants, aussi bien par les faits qu’ils décrivent que par l’atmosphère morbide qu’on y ressent. A cet égard, une phrase du chroniqueur franc Albert d’Aix, qui a participé personnellement à la bataille de Maara, reste inégalable dans l’horreur : Les nôtres ne répugnaient pas à manger non seulement les Turc et les Sarrasins tués mais aussi les chiens ! “

– Le journaliste libanais Saad Mehio revient sur les raisons pour lesquelles le monde arabe a raté la révolution de la modernité.

« La plupart des Arabes adhèrent au point de vue de l’Américain Marshall Hodgson. Dans un livre posthume paru en 1993, celui-ci explique que, si les pays de la région sont restés à l’écart de la révolution moderne des XVIIe et XVIIIe siècles, ce n’est pas pour des raisons inhérentes à la société ou à la religion musulmanes mais à cause d’évènements extérieurs exceptionnels *. Cette théorie convient à de nombreux Arabes et musulmans, profondément convaincus que l’Occident est le principal responsable de leur retard. Sans sa domination, pensent-ils, ils auraient retrouvé leur gloire passée en construisant une nation unie et influente sur la scène mondiale. Il ne s’agit pas là simplement d’un point de vue idéologique ou d’une croyance mais d’une conviction qui s’appuie (ou tente de s’appuyer) sur l’analyse scientifique. La Renaissance arabe au VIIe siècle fut rendue possible par la chute des Empires perse et romain [lire « L’incroyable conquête »]. Les Arabes ont comblé un vide politique. De même, la Renaissance européenne, entamée aux XIIe et XIIIe siècles, a coïncidé avec le déclin de la civilisation arabo-musulmane. Sans la chute du royaume musulman en Andalousie et le bouleversement du rapport de forces entre l’Occident chrétien et l’Orient musulman qui a permis aux sciences et au savoir arabes de s’étendre en Europe, celle-ci se serait trouvée face à un rival capable d’entraver son évolution. Hodgson résume sa théorie en disant que si un Martien était venu sur Terre au XVIe siècle, il aurait été convaincu que toute la race humaine était sur le point de se convertir à l’islam, compte tenu de l’avantage stratégique et politique des musulmans mais aussi de leur vitalité culturelle et de la supériorité de leur système social **. »

(* Marshall Hodgson, L’Islam dans l’histoire mondiale (Rethinking World History), Actes Sud, 1999.)

http://www.alterinfo.net/Saladin-aurait-il-du-etre-plus-cruel_a67548.html

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